La pêche à pied dans le Cotentin : rencontre avec un passionné

PORTBAIL, Manche - Thierry a de nombreuses cordes à son arc : kiné à la ville et pêcheur à pied pendant son temps libre. C'est sur la plage de Portbail que nous l'avons rencontré. Il nous donne quelques trucs et astuces pour devenir un expert de la pêche à pied !

La pêche en héritage

"La pêche à pied a toujours été ma passion", confie Thierry dès le début de notre échange. Cette passion, héritée de son grand-père, résonne comme une tradition ancestrale. "Autrefois, la pêche à pied et le ramassage du goémon constituaient une source de revenus complémentaire pour les populations du littoral ne pouvant pêcher en mer, faute de bateau", nous rappelle le pêcheur originaire de Bricquebec-en-Cotentin. "C'est comme la rando, ça permet de prendre l'air et d'être plus détendu. Les paysages changent au gré des marées et ne sont jamais les mêmes", nous confie-t-il. "J'y viens dès que le temps et la marée le permettent, c'est-à-dire très souvent."

Règle d'or du pêcheur : "l'heure c'est l'heure"

Avant chaque sortie, Thierry insiste sur l'importance de la préparation. "Il est essentiel de se renseigner sur les horaires des marées", souligne-t-il. "Il faut être sur place deux heures avant la basse mer et remonter 45 minutes au plus tard après la basse mer pour ne pas se faire piéger par la montée des eaux." Autre élément important à ne pas négliger : le coefficient de marée. Lors des grandes marées, quand le coefficient est supérieur à 90, la mer se retire très loin sur l'estran et le terrain de chasse s'agrandit.

Matériel et équipement

La pêche de loisir, ouverte à tous et sans permis, ne requiert pas de matériel très sophistiqué. "J'utilise une griffe à 3 dents pour gratter le sable, un couteau à palourde pour sortir les coquillages et un haveneau à moyenne tête pour les crevettes", explique Thierry. Pour transporter le fruit de votre pêche, il est indispensable d'avoir un sceau ou un panier.

Prévoyez aussi des vêtements adaptés à la météo : coupe-vent et vêtements souples. Un petit pull s'il fait froid, un t-shirt s'il fait chaud."Et n'oubliez pas la crème solaire", plaisante Thierry, soulignant que le vent marin a tendance à faire oublier les rayons du soleil. Il est aussi déconseillé de marcher pieds nus. Aux tongs, préférez des bottes en caoutchouc ou une vieille paire de baskets afin d'éviter les coupures dans les rochers.

Pour une pêche à pied responsable

Pratiquée par plus de 2 millions de Français, la pêche à pied est une activité familiale et accessible à tous, particulièrement prisée en période estivale. Toutefois, on ne peut pas pêcher n'importe quoi, n'importe comment. Thierry pratique une pêche à pied responsable. Il explique qu'il existe des règles à respecter concernant la quantité et la taille des coquillages pêchés. "Il est important de ne pas pêcher plus que ce qui sera consommé", insiste-t-il. Aujourd'hui, on s'arrêtera à 100 palourdes, c'est le quota et on le respecte." De plus, Thierry insiste sur le fait qu'il faut toujours remettre en place les pierres retournées, car cela a un impact sur la biodiversité.

Côté sécurité, il faut éviter de pêcher seul, ou alors prévenir un proche de son heure de départ et de retour. Prenez également un téléphone portable chargé pour alerter les secours en cas de danger. Pour mémoire, les numéros de secours sont le 196 en mer, et le 112 à terre.

Marée basse et panier rempli

Thierry connaît bien son sujet et nous détaille les diverses espèces que l'on trouve habituellement sur l'estran : huîtres, moules, bulots, bigorneaux, coques, palourdes, praires, couteaux, patelles, ormeaux, étrilles, tourteaux, homards... "Les coques et les moules sont les coquillages sauvages les plus ramassés par les amateurs de pêche à pied, mais comme pour les champignons, il faut connaître les bons coins !"

Les lieux de pêche à pied

Les plages de l'ouest, sur la Côte des Isles, sont particulièrement réputées des amateurs de pêche à pied et chaque pêcheur a ses coins secrets. "Les plages avec des plateaux rocheux abritent des crustacés et des moules, tandis que les zones plus sableuses abondent en coques, palourdes et couteaux", explique Thierry, qui connaît son sujet sur le bout des doigts.

Le platier rocheux de Portbail réserve une véritable aubaine pour les amoureux de fruits de mer. Moules, coquilles Saint-Jacques, étrilles et crevette bouquets s'offrent à la pêche patiente et aux mains expertes des passionnés.

Du côté de Saint-Germain-sur-Ay, Bretteville et Surville, on trouve des étrilles, des crevettes, des tourteaux, mais aussi des coquilles Saint-Jacques et des huîtres pour les plus chanceux. L'estran rocheux de St Georges et St Jean-de-la-Rivière est également très couru des pêcheurs à pied, notamment pour ses ormeaux, partage Thierry avec une étincelle dans les yeux.

Si vous cherchez des coques et des palourdes, il faut aller entre Pirou et Créances, ou alors à Agon-Coutainville. Plus au sud, la zone d'Hacqueville à Granville et les falaises de Champeaux ont aussi leurs habitués chez les amateurs de palourdes et autres bivalves fouisseurs.

Palourdes au beurre, ail et persil

Interrogé sur ses préférences culinaires, Thierry avoue un faible pour la palourde. "Elle peut être dégustée crue ou cuite", déclare-t-il. Pour une expérience crue, Thierry la recommande avec une touche de poivre, du pain et du beurre demi-sel, accompagnée d'un muscadet pour une harmonie de saveurs. Pour manger des palourdes, il propose une recette simple, mais efficace : faire revenir du beurre, du persil et des oignons dans une poêle, ajouter les palourdes pour qu'elles s'ouvrent naturellement, puis arroser de vin blanc et ajouter de la crème fraîche ou de la sauce tomate.

photo © Sebastiaan ter Burg/ CC BY 2.0 / Flickr